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Brins de Folie
28 avril 2009

Rien de nouveau

"C'est malheureux, m'as dit un vieillard savant,
mais être heureux c'est un travail à plein temps"

Aujourd'hui rien de nouveau sous la pluie provençale. Une crise économique mondiale, une crise de nerfs présidentielle, une loi non-HADOdéPItée, des noirs au pouvoir, des blancs à l'usine, des femmes à la cuisine et surtout le plus important : le bonheur est dans votre caddie. Caddie, cadeau. Cadeau gratuit en costard-cravate, présent présentable qui demain sera du passé.  Code de bonne conduite d'entreprise unilatéral, t'es pauvre tu fermes ta gueule.

T'es pauvre mais tu consommes, le capitaliste rit de bon coeur, qu'il a bien gras (attention au cholestérol), car malgré ses exactions, ses abus (jusqu'à plus soif), ses odieux trafics, les conditions de travail des esclaves sous sa botte, malgré sa lâcheté, sa bassesse, son ignominie dénoncée, balancée, criée dans tout les journaux...il mange, il dort, satisfait. Qu'attendons-nous ? Une remise en question de personnes intouchables ? Astérix se remet-il en question, protégé qu'il est par la potion magique ? Ne se dit il pas que les pauvres Romains qu'il boxe à longueur de journée, ont femmes et enfants, qu'ils ne sont là que par la Loi de l'Empereur (ou par celle du Marché) ? D'ailleurs le chef, parlons en. César. Ah qu'on est moins glorieux, face à lui, là Astérix ne boxe pas, il se moque tout au plus, voire sympathise. Mais jamais, ô grand jamais il ne l'attaque. Non c'est plus facile de tabasser les légions romaines du nord ouest.

Plus facile. Et pendant ce temps là, quand il fracasse les légions, il rit. La bonne humeur est de mise et à la fin de l'histoire on se réunit autour d'un banquet et on fête notre inlassable victoire. L'armée de réserve des pauvres, des esclaves, des légionnaires se régénére d'elle même. A peine suffit-il de balancer quelques copeaux de leur travail pour les voir se jeter dessus, tirant juste assez de substance de ces mets pour se reproduire.

Ah mais que je suis mesquin.

Voyons Hérisson, c'est fini Marx, faut arrêter. Maitenant il y a le SMIC, les ASSEDIC, la Sécu, les travailleurs  ont tout de même de meilleurs conditions de vies. Evidemment (en France), physiquement. Mais moralement, rien n'a changé. Oh, bien sûr, le temps libre existe. Le temps d'être libre d'être hébété de pub, qu'on ne peut éviter, même en éteignant la télé. Internet, télé, radio, même les voyages n'en sont pas exempt (panneaux, c'est nouveau y'en as même des  clignotant maintenant). Ce qu'on prône c'est l'anti-pensée, l'anti-idée. Ne réfléchissez pas, des gens plus intelligents le font pour vous. Les slogans, leader de ce phénomène, ont pour seul but de nous matraquer la tête de leur formules aseptisés : "Trois lots achetés, le 4ème à moitié prix", "Ensemble, tout devient possible", "Parti mou, pour un monde mou", "Il a Free, il a tout compris", utilisés par tous, partout même par des gens qui paraissent normaux, qui paraissent normaux, qui paraissent normaux, ces slogans qui sont répétés, répétés, répétés, nous pourrissent le crâne de leurs messages non-voulus, de leurs messages non-voulus.

Physiquement c'est autre chose, on travaille moins et moins durement, en général... C'est un progrès, mais certainement pas à mettre au crédit des capitalistes. C'est de maigres relents humanistes qui nous ont fait progresser.

NI REGLES NI ENTRAVES, LE MARCHE/L'HOMME DOIT SE REGULER PAR LUI MEME !! On croirait entendre des anarchistes.  Non ce sont les libéraux libérés de tout complexes. Minces et fiers, braves et ambitieux, ah les divins requins des temps modernes, ceux qui ont troqués leurs idéaux contre un petit attaché-case. Ceux là n'attendent pas un quelquonque surfer venu se perdre au large. Non, leurs proies sont des stalactites, qui reposent tranquille au fond d'une caverne et qu'ils viennent casser avec un bâton.

Mais les patrons, les patrons. Ah oui, les patrons. Les Grands Méchants. Les Salauds. Non, encore le piège de la facilité. Dommage, ça marchait bien...ils nous exploitaient, corps et cerveau, c'étaient des brutes sans coeur, déshumanisés, des mutants, des abominations. Hérauts du Capitalisme, il fallait les combattre à mort, les exterminer pour qu'enfin arrive une ère d'égalité.

Non, trop facile, on luttait contre des êtres dénués d'empathie et de sentiments. C'était une lutte moralement confortable : on se donnait une bonne conscience. Ah frêles patrons, ah petit PDG parachutés, ah petits loups aux dents trop longues pour ne pas blesser la Mère qui les nourrit. Mais qui a affûté ces dents ? Qui tend la gorge ? "Il n'y a, parfois, de maître que parce qu'il y a l'esclave" dixit La Boétie.

Victime de nous même, de nos folies dépensières. Des gens en profitent, serions-nous différents à leurs places ? N'est-ce pas la leçon que nous méritons, la leçon de notre laisser aller ?
Attention cependant, nous ne voulons pas tomber dans le piège de la diabolisation en démontant les patrons  mais il ne faut pas tomber dans l'effet inverse, les patrons ne sont pas non plus des anges rédempteurs venus nous punir de nos excès. Ils ont tout compris, et c'est là que le bat blesse : ils ont trop compris.

En n'usant pas de nos droits de citoyens, nous les abandonnons à l'Hydre.

Je ne hait les abrutis que quand ils ont du pouvoir, ils sont alors dangereux, mais tous nous avons un pouvoir souvent ignoré, inutilisé. Car c'est dur, et j'en suis le premier convaincu, de s'intéresser à tout les débats, de se créer un avis valable sur tout les sujets. De défendre nos libertés face à ceux qui croient qu'ils peuvent tout faire. Et qui d'ailleurs ont peut être raison.

C'est facile de rien faire, de brailler du fond de son fauteuil, agitant sa bière face à la télé. Facile, et pourquoi pas ? Comme disait Brassens :

"Encore s'il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changea, qu'enfin tout s'arrangea.
Depuis tant de grands soirs, que tant de têtes tombent,
Au paradis sur Terre on y serait déjà."

J'ai balancé par mal de choses qui me trottaient dans la tête ici, tout se contredit, tout simplement car je n'ai pas la solution ultime, la voie qu'il faut suivre. N'étant pas capable de me guider moi-même, je me voit mal faire semblant dans un article.

L'Hérisson, ébouriffé.

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Commentaires
H
Merci.<br /> Le titre de la chanson c'est "Mourir pour des idées".
E
Joliment dit, je connaissais pas la citation de Brassens, très bien trouvée
Brins de Folie
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