L'Enfant Halluciné (5), un nouveau passage
Ravot parle. Il est la parole que l'on veut bien entendre. Il parle à la mère de Jean, dont il est amoureux. Il se lâche, il croît tout dire. Trop longtemps enfermé, trop longtemps refermé sur lui-même. Il est amoureux.
La séduire ? Il ne connaît plus trop ce mot, tant pis il réinvente. Pourquoi ne pas dire ce qu'il pense ?
Alors il le dit (p322) :
"L'homme n'aime pas son semblable, croyez vous que les cheveux et les
boeufs se méprisent ? C'est le don de penser et de juger toute chose
qui nous a perdus, l'esprit est tantôt une menace, ou alors une injure.
Ou bien il végète. J'ai refusé de faire des bouquets pour la Fête des
Mères. Pour ce qu'elles ont à se réjouir ! Ils ont dit que j'étais fou
pour ne pas me connaître. Dire d'un homme qu'il est fou cela ne veut
pas dire qu'il a perdu la raison mais qu'il n'aime pas le baba au rhum
comme tout le monde."